Écrire pour Senghor, aujourd’hui, c’est écrire pour la rencontre souhaitée, rêvée, vécue avec l’Ancêtre
Écrire pour Senghor, se sortir du souvenir de tout ce qui obsède et rentrer au village.
Écrire pour son Royaume d’enfance, quitter les formes et les couleurs d’aujourd’hui.
Écrire pour rendre grâce à l’Ancêtre qui nous inspire ce que nous sommes aujourd’hui.
Écrire pour déplier et étaler la mémoire des mots qui nous ont fait naître, qui nous enra-cine, nous ouvre.
Écrire pour Senghor, rendre ses Légions autrement visibles dans notre regard actuel et dans celui des autres.
À tous ceux qui gardent encore en mémoire, les temps de déportations, de fuites obligées, les temps d’exils et de changements imposés. Aux autres aussi qui re-gardent tous ces départs précipités. Aux nègres premiers !
Essayiste, activiste et poète, Karfa Diallo est né à Dakar en 1971 et réside à Bor-deaux depuis 1996 où il a fondé l’Association Internationale Mémoires & Par-tages. Considéré par Jeune Afrique comme « le Sénégalais qui veut réveiller la cons-cience de Bordeaux », Karfa Diallo, depuis vingt-ans, travaille la mémoire oubliée de la négritude à travers des manifestations, des ouvrages et des expositions dont la dernière est « Senghor, l’Africain Universel ». Son premier recueil de poèmes, Matins noirs, essai poétique pour une nouvelle négritude, est publié en 2011.