Imaginez que je supprime votre nom, puis votre prénom, de manière à vous soulager un peu de ce qui compose votre identité. Imaginez encore, si vous poursuivez cette lecture, que pour affiner cette déshumanisation je vous désigne par un numéro, disons le 338, et que je vous inocule par injection sous-cutanée une maladie amusante – une peste, le typhus, le tsutsugamushi – ou bien un poison quelconque comme la toxine de fugu.
Faisons tout cela, donc.
On noterait alors sur une feuille de suivi les évolutions de votre consomption, l'affaissement des organes, le déchirement des tissus, cet œil gauche qui tombe un peu. On documenterait votre propre mort pour définir la meilleure manière de la donner à d’autres.
Vous venez de lire, sommairement, quelques-unes des horreurs commises par l'armée impériale japonaise en Mandchourie occupée (1932-1945) sur les populations locales, chinoises ou coréennes. Des crimes impunis, encore aujourd'hui.
Yuèliàng était l’une de ces innombrables victimes de la sinistre Unité 731.
Revenue dans le monde des vivants par l’entremise de Martin Geist, le jeune homme qui fuit les morts, Yuèliàng prépare sa vengeance.
De Berlin à la Sibérie, un voyage vers l'Est, une errance sentimentale et fantastique à la découverte de deux mondes qui entreront violemment en collision dans l'irréel.
Né en 1981 au pied du Vercors, Emmanuel Gallant est journaliste dans la presse écrite depuis une quinzaine d'années. Passionné de voyages, le terreau de ses histoires, il se prend tardivement au jeu de l'écriture dans les genres de l'imaginaire. Les fantômes se lèvent toujours à l'Est est son premier roman.