éditrice 

Laurance Schwalm des Éditions Ex Æquo

Née à Paris en 1960 dans une famille modeste, j’ai suivi ma scolarité au collège des Grésillons à Gennevilliers en banlieue parisienne. J’ai eu cet incroyable privilège d’avoir des enseignants passionnés par leur métier qui ont cultivé chez moi le goût de la connaissance et ont laissé s’épanouir ma curiosité constante et ma soif d’apprendre sans cesse. Depuis, lorsque j’entends de sempiternelles jérémiades de ceux qui viennent des banlieues, je ne peux m’empêcher de penser que, quoi qu’on en dise, l’ascenseur républicain fonctionne et que j’en suis la preuve. Et puisque je revendique que ma vie m’appartient, c’est à moi d’en faire quelque chose, de la prendre à bras-le-corps, et de faire mon propre avenir.

Ainsi, après une première formation avec spécialisation en dessin industriel d’architecture (imposée par ma famille) je me suis réorientée vers les sciences humaines, la communication et les métiers de l’information, marketing, publicité. Parallèlement j’ai dirigé un centre de loisirs qui m’a amenée à avoir une collaboration de terrain avec l’équipe de Jean Piaget. Dans le même temps, je faisais une spécialisation sur le livre et l’imaginaire et je participais aux travaux de Rolande Causse sur la littérature jeunesse à Montreuil, et ce travail qui a été poursuivi après mon départ a donné naissance au Festival du livre jeunesse de Montreuil.

Quittant la région parisienne j’ai été recrutée par le groupe UAP en 1986 à Troyes et j’ai suivi la formation commerciale des agents généraux qui a implanté chez moi le sens de la négociation et la pugnacité dans les affaires.

À la fin des années 80 j’ai été recrutée comme directrice commerciale d’une société informatique de pointe à Reims, que j’ai quittée pour créer une régie publicitaire / agence de presse spécialisée dans le transfert de technologies et l’innovation. Lors du choc économique de la première guerre du Golfe, où tous les budgets pub étaient au plus bas, j’ai dû déposer le bilan et me faire recruter comme secrétaire générale d’un groupe de presse parisien avec des fonctions multiples dont la direction de plusieurs services, et notamment la mission de reprendre et de remettre en route le magazine Le Crapouillot, titre historique de la presse française.

Mission accomplie, j’ai vogué vers d’autres fonctions ; j’ai été formatrice en techniques commerciales et de communication pour les dirigeants d’exploitations viticoles en Champagne. C’est au cours d’un été de congés que j’ai été contactée par un directeur de société qui avait découvert mon CV et qui voulait me recruter pour, m’a-t-il dit : « Vendre à tout ce qui porte un uniforme du sifflet à roulette à l’hélicoptère ainsi que tout ce qui peut exister entre les deux ». L’expression m’a fait hurler de rire et j’étais dans son bureau parisien deux heures plus tard. C’est ainsi que je suis entrée comme consultante dans la société Equipol, filiale du groupe Rivolier. C’est là que j’ai noué de nombreux contacts, construit quelques belles amitiés, participé à la mise au point de matériels de défense et personnellement élaboré la première génération de gilets pare-balles souples pour la Police Nationale. J’ai à l’époque créé le service export de la structure et négocié à l’international des ventes et des achats de matériels, dont certains issus de la démilitarisation des anciens stocks de l’Union Soviétique.

Lors de la restructuration de la société Equipol qui était ramenée au siège de Rivolier près de Saint-Étienne, n’étant pas salariée mais consultante, je suis repartie en Champagne ou j’ai créé une agence de communication spécialisée vignoble.

C’est à cette époque que j’ai créé le premier site de vente de champagne à l’international avec système de prise de commande et paiement sécurisé par carte bancaire, permettant la livraison de champagne sous dix jours partout dans le monde, formalités de douanes et transport inclus.

Avec près de cent vignerons champenois, la carte était belle. J’ai aussi créé et dirigé dans le même temps la rubrique technique du magazine La Champagne viticole, et participé aux travaux de vulgarisation des services techniques du CIVC auprès des exploitations.

Le 28 décembre 1999, à la veille de mes 40 ans, je rencontre celui qui est devenu mon mari et je quitte tout pour le suivre à Nancy où il est professeur à l’université. J’exerce quelques mois en enseignant à la fac de Nancy et à l’école des ingénieurs du Bois d’Épinal, et je le suis ensuite dans toute la France au travers de ses mutations professionnelles. Me retrouvant sans emploi je tourne comme une lionne en cage et commence l’écriture de romans. J’arrive à être éditée. L’éditeur ne me convient pas, je crée donc les Éditions Ex Æquo en démarrant avec les 1 000 euros d’économies que nous avions avec mon mari… Je les lui dois toujours…

Dix ans après, je lance le Prix Zadig de la nouvelle policière et je boucle ainsi de nombreux détours de ma vie.